Générales

1. Est-ce une bonne idée pour la Romandie d’être un « laboratoire » ? A terme, est-il prévu que la suisse alémanique, ainsi que le canton du Tessin, rejoignent l’organisation Réformer ?

2.Comment est-il prévu que Réformer dépasse la barrière du Röstigraben, ne créé-t-on pas un « entre-nous » romand ? Et, quelles réponses Réformer va apporter pour les cantons bilingues aux réalités bien différentes (Fribourg/Bienne) ?

3. Réformer est un outil en élaboration depuis 2015 destiné aux médecins en formation. Comment se fait-il que nous apprenions son existence qu’à travers le FORUM du 10 mars 2022 ?

4. Quel est le déploiement prévu pour Réformer ? Comment pourra-t-on monitorer son impact (bon ou mauvais) sur la formation postgrade ?

5. Comment sont mises en place les filières de Réformer et quels sont ses membres ? Puis-je, comme médecin assistant.e/étudiant.e, participer aux réflexions ?

6. Comment sont intégrés dans Réformer les médecins qui travaillent sur le terrain ? Et, comment l’organisation Réformer gardera-t-elle un ancrage avec les réalités du personnel soignant ?

7. Comment est financée l’organisation Réformer ? Et, combien de bureaux et de coordinateurs seront mis en place pour répondre à la demande des médecins en formation ?

8. Est-ce que Réformer est un moyen de palier à une hausse des coûts de la santé, est-ce pour cette raison qu’une « réorganisation de la formation postgrade » est proposée ?

9. Quel est l’intérêt d’avoir développé un outil informatique supplémentaire pour la formation postgrade ? Y-a-t-il une plus-value à l’outil proposé par Réformer, si oui laquelle ?

10. Qui aura la charge d’observer que le financement octroyé à Réformer serve aux actrices, acteurs du terrain ? En tant qu’individu, me sera-t-il possible de savoir ce qui est financé par l’organisation Réformer?

11. Le « mentoring » par les médecins formateurs dans les hôpitaux n’est pas valorisé par les directions médicales qui visent surtout la performance.

12. Est-ce qu’il est prévu que Réformer s’intéresse aussi à la formation prégraduée pour mieux accompagner les étudiant.e.s dans leur avenir professionnel ?

1. Est-ce une bonne idée pour la Romandie d’être un « laboratoire » ? A terme, est-il prévu que la suisse alémanique, ainsi que le canton du Tessin, rejoignent l’organisation Réformer ? 

Réformer a été lancé sous l’impulsion de la CLASS (Conférence Latine des Affaires Sanitaires et Sociales), son ancrage est donc de ce fait romand. Une coordination de la formation postgraduée entre cantons romands favorisera la visibilité des places de formation et permettra un meilleur accompagnement et orientation des futurs médecins. Des contacts existent déjà avec les cantons et universités frontières de la Suisse romande. A terme, il serait idéal qu’un outil visant les mêmes objectifs que Réformer couvre l’entièreté de la Suisse. Réformer est un outil ouvert à tous les établissements de formation reconnus par l’ISFM et à toutes les facultés de médecine de Suisse.

2. Comment est-il prévu que Réformer dépasse la barrière du Röstigraben, ne créé-t-on pas un « entre-nous » romand ? Et, quelles réponses Réformer va apporter pour les cantons bilingues aux réalités bien différentes (Fribourg/Bienne) ?

L’outil Réformer propose une coordination intercantonale pour l’organisation de la formation postgraduée, qui constitue une première en Suisse. L’objectif est de commencer avec la Suisse romande avec une ouverture à l’ensemble du pays. Quant aux cantons bilingues, ils ont effectivement leurs propres spécificités qui seront utiles aux ajustements de l’outil qu’est Réformer. De manière générale, Réformer compte sur ses cantons membres pour faire évoluer les réflexions et s’adapter au mieux aux différentes réalités locales, aux besoins de chaque canton et établissement formateur. Réformer se veut un outil flexible et ouvert permettant de structurer la formation postgraduée et souhaite amener de la transparence, de l’équité, de l’efficience, ainsi que de la confiance dans le système.

3. Réformer est un outil en élaboration depuis 2015 destiné aux médecins en formation. Comment se fait-il que nous apprenions son existence qu’à travers le FORUM du 10 mars 2022 ?  

L’outil Réformer est passé par plusieurs phases de développement. En 2015, la CLASS (Conférence Latine des Affaires Sanitaires et sociales) a donné ce mandat au GRSP (Groupement Romand des services de Santé Publique). Cette première étape s’est concentrée sur des recherches du terrain, des contacts avec les parties prenantes, et a abouti à la première conceptualisation de Réformer. Fin 2021, Réformer est entré dans sa phase opérationnelle ; le FORUM du 10 mars dernier a été pensé comme une étape importante pour Réformer et visait à informer le plus grand nombre de partenaires, et donc bien sûr, les médecins en formation en tant que premiers « clients » de l’outil, notamment dans le cadre du nouvel article 55a LAMal (Limitation du nombre de médecins qui fournissent des prestations ambulatoires)voir la partie « Limitation » de la F.A.Q.

Réformer doit indéniablement améliorer sa communication, et doit aussi pouvoir se baser sur les relais indispensables que sont les médecins en formation, les universités (facultés spécialisées), les établissements formateurs, donc les hôpitaux et les cabinets ambulatoires reconnus pour les formations ISFM.

4. Quel est le déploiement prévu pour Réformer ? Comment pourra-t-on monitorer son impact (bon ou mauvais) sur la formation postgrade ?

Réformer est un outil dont l’efficacité se mesurera sur le moyen et long terme. Son impact (bon ou mauvais) sur l’organisation de la formation postgraduée ne sera visible que quelques années après la mise en place de toutes ses filières. Le calendrier actuel estime que l’ensemble des filières seront déployées d’ici 2025. Un impact complet de Réformer sera donc mesurable à partir de 2030-2035 (en se basant sur la proportion de médecins diplômés connaissant et utilisant Réformer, le nombre et proportion d’établissements formateurs utilisant la plateforme informatique spécifique, le nombre de filières fonctionnelles, etc.). Une filière par discipline reconnue par l’ISFM sera mise en place, c’est-à-dire, 45 filières et 1 filière spécifique à Réformer « Orientation » pour celles et ceux qui n’ont pas identifié et/ou défini leur projet de formation postgrade.

Cela dit, Réformer doit apporter des améliorations ou simplifications immédiates pour les partenaires, par exemple, la simplicité d’utilisation de la plateforme informatique, qui pourra accompagner la formation des médecins et faciliter le suivi par les établissements formateurs (gestion RH, parcours de formation, etc.), la filière « Orientation » doit permettre une amélioration des situations complexes. De manière générale, la transparence, l’équité, la qualité de la formation et la confiance doivent se trouver renforcées pour tous les partenaires.

5. Comment sont mises en place les filières de Réformer et quels sont ses membres ? Puis-je, comme médecin assistant.e/étudiant.e, participer aux réflexions ?

Théoriquement, Réformer compte une filière par discipline reconnue par l’ISFM, ainsi qu’une filière « Orientation ». Un Groupe de travail (GT) spécifique à chaque filière est responsable de remonter les préoccupations du terrain et de présenter des directives aux instances de Réformer, via la direction. Ces groupes peuvent être initiés par toute personne concernée par la formation postgraduée des spécialités reconnues par l’ISFM, leurs compositions seront officiellement validées et lancées par la direction afin d’en assurer la cohérence avec le concept de Réformer et de dégager éventuellement les budgets nécessaires. Les Groupes de travail sont composés d’étudiant.e.s en médecine, des médecins assistant.e.s (internes), des chef.fe.s de clinique, de médecins en pratique privée et de médecins hospitaliers. Ils mettront en place les filières en fonction des spécificités de la spécialité concernée, des besoins des établissements formateurs et de son éventuelle organisation préexistante. Une fois stabilisée, la filière est chapeautée par le bureau de la filière qui regroupe les partenaires listés ci-avant. Les documents des différentes filières seront mis à disposition de toute personne intéressée, via le site web de Réformer, et ceci afin d’assurer la transparence de l’organisation.

A noter que les travaux des Groupes de travail commenceront à l’automne 2022 pour les premières filières de Réformer, alors que la filière « Orientation » a déjà débuté ses réflexions de conception et devrait pouvoir démarrer d’ici fin 2022. 1


[1] Les filières de médecine interne générale (« médecine de famille » et « médecine interne hospitalière ») présentent sans doute les enjeux les plus importants en termes de santé publique, mais sont aussi les plus complexes à mettre en place. D’autres spécialités sont aussi concernées par des pénuries actuelles ou annoncées, alors que d’autres sont en situation inverse et seront donc rapidement concernées par l’art. 55a, LAMal. D’autres filières encore existent déjà mais ne sont pas formalisées selon la systématique de Réformer. Il s’agira donc de décider rapidement quelles filières seront développées en priorité, en tenant compte des éléments ci-avant et des motivations des membres potentiels du « bureau de la filière ». Ce travail est en cours avec les partenaires de terrain, principalement avec les médecins et les établissements.

6. Comment sont intégrés dans Réformer les médecins qui travaillent sur le terrain ? Et, comment l’organisation Réformer gardera-t-elle un ancrage avec les réalités du personnel soignant ?

Les médecins du terrain sont associés à Réformer au sein des Groupes de travail. Le Comité stratégique intègre des directions médicales et Réformer souhaiterait aussi compter au sein du Comité consultatif des partenaires importants de la santé publique (voir organisation de Réformer).  D’utilité publique, le pilotage de l’organisation Réformer est sous la responsabilité politique de la CLASS (Conférence Latine des Affaires Sanitaires et Sociales).

7. Comment est financée l’organisation Réformer ? Et, combien de bureaux et de coordinateurs seront mis en place pour répondre à la demande des médecins en formation ?

L’organisation Réformer est financée par les cantons membres (FR, VS, NE, JU, GE, VD) ; leur contribution est déterminée par une clé de financement. Par ailleurs, les cantons les plus formateurs reçoivent une contribution pour leurs prestations (péréquation intercantonale via la Convention sur le financement de la formation médicale postgrade, CFFP). Cette contribution est, en partie, reversée à Réformer afin d’alléger le coût collectif de Réformer.

Chaque discipline est coordonnée par le bureau de la filière qui regroupe les principaux acteurs de celle-ci et des moyens financiers peuvent lui être attribués en fonction du volume de travail et donc des médecins concernés. Ces éléments sont de la compétence de la direction.

Cela dit, l’objectif de Réformer n’est pas financier. Réformer est un outil pour améliorer l’équité, la transparence et la qualité du système de formation, ainsi que la répartition des médecins selon les spécialités et les besoins de santé publique.

8. Est-ce que Réformer est un moyen de palier à une hausse des coûts de la santé, est-ce pour cette raison qu’une « réorganisation de la formation postgrade » est proposée ?

L’organisation Réformer est le résultat d’une coordination entre les cantons romands pour améliorer l’organisation de la formation postgraduée en médecine, et représente un investissement dans le domaine de la formation. Les objectifs sont essentiellement d’optimiser l’organisation de la formation postgraduée, notamment en améliorant la durée de formation, en visant une meilleure répartition des médecins, selon les disciplines, sur le territoire romand, en fonction des bases légales et des prévisions fournies par les autorités compétentes. L’objectif de Réformer n’est donc pas financier, mais de former adéquatement pour répondre aux défis de notre système de santé (augmentation du nombre de patients chroniques et vieillissement de la population).

Le domaine hospitalier (stationnaire et ambulatoire) représente un tiers des coûts à charge de la LAMal en Suisse. Les besoins en santé publique sont difficiles à évaluer et en constante évolution. Il est essentiel de disposer des professionnels nécessaires pour faire fonctionner le système de la manière la plus efficace possible, que cela soit à l’hôpital, en ambulatoire ou dans les autres institutions.

9. Quel est l’intérêt d’avoir développé un outil informatique supplémentaire pour la formation postgrade ? Y-a-t-il une plus-value à l’outil proposé par Réformer, si oui laquelle ?

Les outils informatiques de Réformer et de l’ISFM ne poursuivent pas le même but.

L’ISFM doit pouvoir vérifier et contrôler le respect des exigences, tandis que l’outil de Réformer cherche à accompagner les médecins dans leur formation postgrade. La documentation du parcours de formation dans l’outil informatique de Réformer doit pouvoir amener de la transparence au système et être utile aux médecins, ainsi qu’aux établissements formateurs. Une coordination entre Réformer et l’ISFM, dans ce cadre, est garantie, notamment pour la liste des établissements formateurs reconnus.

En détails, le eLoogbook de l’ISFM recense les formations effectuées. Il ne permet cependant pas de répondre à aux trois objectifs de la plateforme informatique développée dans le cadre de Réformer :

  • Soutenir et documenter l’activité d’accompagnement des médecins en formation réalisée par les coordinatrices et coordinateurs de filière
  • Faciliter pour le médecin en formation la planification de son parcours de formation en fonction du projet de carrière et d’installation
  • Monitorer la formation postgraduée, les parcours de formation et souhaits de carrière pour mieux répondre aux besoins de santé publique.

10. Qui aura la charge d’observer que le financement octroyé à Réformer serve aux actrices, acteurs du terrain ? En tant qu’individu, me sera-t-il possible de savoir ce qui est financé par l’organisation Réformer?

Réformer répond aux demandes de la Conférence Latines des Affaires Sanitaires et Sociales (CLASS). Ce sont donc les Ministres cantonaux en charge de la santé qui sont à l’origine des réflexions et qui piloteront politiquement Réformer.

L’octroi des places au sein des établissements formateurs des différents cantons sera discuté au sein des bureaux des filières, en fonction des besoins fournis par les autorités compétentes. In fine, ce sont les cantons qui décideront du nombre de places de formation d’une part et du nombre d’autorisations à pratiquer à charge de la LAMal (nouvelles autorisations) qui seront octroyées par spécialités.

Un rapport annuel sera disponible sur le site web de Réformer.

11. Le « mentoring » par les médecins formateurs dans les hôpitaux n’est pas valorisé par les directions médicales qui visent surtout la performance.

L’accompagnement des médecins en formation est une pratique déjà développée dans de nombreux établissements formateurs et Réformer vise son élargissement, sa systématisation, son orientation sur les valeurs de Réformer (équité, transparence et qualité) sur la base d’expériences positives préalables (Cursus romand de médecine de famille, premières filières qui seront mises en place) et des objectifs de l’organisation Réformer.

12. Est-ce qu’il est prévu que Réformer s’intéresse aussi à la formation prégraduée pour mieux accompagner les étudiant.e.s dans leur avenir professionnel ?

L’organisation Réformer avance par paliers ; pour l’heure ce sont les travaux autour des premières filières qui concentrent tous les efforts. La vision de Réformer est néanmoins plus large : la filière « Orientation » vise notamment à anticiper la formation postgraduée durant les études universitaires en permettant aux étudiant.e.s de rencontrer un.e conseiller.ère pour planifier au mieux leur parcours de formation.

Des contacts avec les universités sont en cours de développement afin de garantir la continuité entre le pré ou le postgrade, en particulier pour l’utilisation de la plateforme informatique.

Pour rappel, Réformer ne s’intéresse pas au contenu des formations, que cela soit pré ou postgrade, ce contenu relève exclusivement de la compétence des spécialités.